"Malgré des avancées, cela restait difficile de distinguer courage et inconscience, et pas seulement dans les surplombs". C'était aussi mon sentiment en lisant puis relisant les chapitres de cette autobiographie des jeunes années de Maurizio Zanolla, dit "Manolo". Le livre se termine alors qu'il n'a pas encore 25 ans, et vient de terminer son projet "Il mattino dei maghi", ascension visionnaire avec une longueur en 7c+, grimpée puis répétée par Manolo avec un équipement plutôt précaire...
Nous étions immortels, Manolo, le magicien du rocher, Maurizio Zanolla, Éditions du Mont-Blanc, 390 pages
Entre les premières pages et cette ascension, tout le chemin parcouru, de l'initiation à l'escalade libre et difficile, avec une incroyable quantité de longueurs dolomitiques sous la gomme des chaussons, gravies dans un style incroyablement simple et dénué d’artifices. Presque insensé. Ses ascensions se font dans une sorte de fuite en avant vers le haut comme dans la vie. Parfois un seul piton pour des ouvertures de plusieurs longueurs, un rocher calamiteux, une météo terrible et une préparation préalable des ascensions réduite au strict minimum, si ce n'est une dévorante envie de rocher, un sacré niveau et un sacré mental, qui lui ont permis d'échapper parfois miraculeusement à la catastrophe. Les épisodes du Manaslu ou des Tre Cime sont parmi les plus savoureux passages de cette insouciance risquée, parfois terriblement décevante, d'autres fois créative et géniale.